Déclaration au Conseil Supérieur de l’Education du 25 janvier 2018

Comme c’est encore la période des vœux, nous souhaitons profiter de ce CSE pour les présenter aux personnel-le-s de l’éducation mais également à ses usager-e-s, les élèves, étudiant-e-s et leurs familles.
Nous adressons donc nos vœux de santé et de prospérité à l’ensemble des agent-e-s de la fonction publique dont les salaires sont attaqués de divers côtés avec le report des quelques augmentations prévues par le PPCR, avec l’augmentation de la CSG non réellement compensée et le rétablissement d’un jour de carence en cas d’arrêt maladie.
Nous souhaitons aussi une très belle année chômée et estivale aux collègues en CUI brutalement licencié-e-s et remplacé-e-s par des services civiques, ces faux CUI en salariat déguisé qui exercent et vont exercer de fait des missions de service public pour un salaire maximum de 700 euros sans contrat de travail ce qui va éviter aux employeur-ses de s’embarrasser des tracasseries du code du travail et des recours aux prud’hommes.
Nous souhaitons une année tout en légèreté aux enseignant-e-s du second degré qui vont subir de plein fouet le gel des postes et du budget et vont affronter des situations difficiles avec des conditions de travail et d’enseignement très dégradées, des moyens amputés, des classes surchargées, une baisse des heures postes et une augmentation des HSA.
Aux enseignant-e-s du 1er degré et à leurs élèves, nous présentons nos vœux 100 % réussite, eux et elles pour qui l’opération de communication sur les CP à 12 en REP+ et REP (qui ne seront pas mis en œuvre partout faute de moyens) entraîne une réduction du nombre de remplaçant-es, amplifie le recrutement de précaires, supprime les maîtres-ses + et augmente le nombre d’élèves dans les autres classes.
Eux et elles qui sous une pression permanente depuis la rentrée sont sommé-e-s de répondre à l’injonction de la formule des CP 100 % réussite et à qui l’institution est en train d’imposer des pratiques pédagogiques uniformes et formatées pour un enseignement de la lecture focalisé sur un enseignement syllabique qui risque de produire l’effet inverse de celui escompté par le ministre, celui d’un échec sociale massif qui privera les enfants des milieux populaires d’un accès signifiant à l’écrit.
Nous souhaitons une année d’excellence libérale aux enseignant-e-s et élèves de l’enseignement professionnel dont la refonte annoncée entraînera une perte d’heures d’enseignement et actera sa régionalisation pour l’adapter aux « besoins économiques territoriaux » et définitivement aux dogmes libéraux.
Nous n’oublions pas les lycéen-ne-s, les étudiant-e-s à qui nous adressons nos vœux orientés et sélectifs, les plus sincères.
Eux et elles qui vont être sélectionné-e-s par les universités selon des attendus dont le cadrage national consiste en compétences générales qui dressent le portrait d’un-e étudiant-e idéal-e et favorisent l’auto-exclusion des lycéen-ne-s des classes populaires.
Eux et elles vont pouvoir profiter, comme le préconise le rapport Mathiot, de la fin des filières et d’un lycée semestrialisé et modulaire avec une liberté de choix qui va surtout se concrétiser par une orientation précoce dès la 2nde,et une pré-sélection en amont d’un bac privé de son statut de premier grade universitaire et dont la valeur nationale est mise en cause. Sans doute le meilleur choix pour accentuer le déterminisme social et les inégalités territoriales.
Nous souhaitons une année rentable et subventionnée à l’enseignement privé largement confessionnel qui avec ses écoles déjà gavées de subventions, et où se perpétue l’entre-soi des classes dominantes vient de se voir offrir 10 millions d’euros par le gouvernement.
Cet argent manquera dans nos écoles, nos collèges, nos lycées, nos universités publics qui ne comptent plus les bâtiments vétustes, les sureffectifs en classe et les personnel-le-s à bout.